Voici une exclusivité du journal français Le Point où Roxane, la fille de Gérard Depardieu, met les points sur les i concernant la personnalité et le mode de vie de son père.
Le Point.fr : Quand avez-vous écrit cette lettre ?
Roxane Depardieu : Mardi 18 décembre dans la journée. J'ai l'habitude d'entendre plein de choses sur mon père. Mais
là, c'est trop injuste. Je ne peux pas accepter qu'on dise qu'il ne pense qu'à l'argent. On peut lui adresser beaucoup de reproches, mais pas celui de vivre comme un "gros riche". Il passe son
temps à donner. C'est un généreux qui s'entend mieux avec les gens simples qu'avec les nantis.
Quel rapport entretient-il avec l'argent ?
Il m'a toujours inculqué la valeur de l'argent. Souvent il compare des dépenses courantes au salaire d'un ouvrier. Il a longtemps compté en anciens francs et m'a toujours sensibilisée au travail. D'ailleurs, c'est quelqu'un qui travaille tout le temps. Je ne l'ai jamais vu "en vacances".
Comment viviez-vous à la maison ?
Contrairement à ce que pense peut-être Monsieur Ayrault, mon père n'a pas de personnel. Juste une femme de ménage. Il vit de façon très naturelle, peut porter le même pantalon pendant cinq jours. Il n'a ni garde du corps, ni chauffeur, ni assistants qui courent derrière lui toute la journée. Je me souviens de l'avoir vu débarquer à Tigné en provenance de Cannes au moment des vendanges. Il s'est immédiatement mêlé aux ouvriers agricoles et s'est mis à ramasser avec eux le raisin pendant trois jours en portant le même costume.
Pourquoi s'en est-on pris à lui ?
Que peut-on contre l'aigreur des politiques qui nous dirigent ? Ils ont certainement envie de détourner l'attention des Français au moment où le chômage monte en flèche et où notre pays est en crise. Je pense qu'on veut faire payer à mon père son soutien à Nicolas Sarkozy.
À vous entendre, votre père est quelqu'un de "normal"...
Bien sûr. Il pourrait porter des vêtements de marque, mais s'habille comme un "plouc", un paysan. Son vrai plaisir est de déjeuner dans des restaurants au milieu de nulle part. Il s'assoit au bar et fait la conversation avec tout le monde. Ceux qui l'imaginent sur un trône en train de boire du champagne avec des dictateurs se trompent ou veulent lui coller une fausse image. Des trois enfants de Gérard, aucun n'est obsédé par l'argent, ni ne joue un rôle social, ni ne se comporte comme un bourgeois. Il nous a appris la liberté dans ce qu'elle a de plus pur et de plus extrême.
On essaye de faire passer votre père pour un mauvais Français ?
Il n'y a rien de plus faux. Mon père est passionné par les arts et les textes du répertoire. L'une de ses meilleures amies était Barbara. Il a joué Porthos, Jean Valjean, Vatel, Rodin, Danton, Cyrano, Obélix, le colonel Chabert, le comte de Monte-Cristo ! Pour un adolescent quasiment illettré qui a longtemps bégayé,
chapeau ! Il passe ses journées à écouter Radio Classique et lit énormément. Il tourne huit films par an, la quasi-totalité en français. Et il serait un mauvais Français ? Soyons
sérieux...
Paye-t-il le fait de ne pas faire partie de l'élite ?
Sans doute. Il a toujours préféré être avec les vrais travailleurs. À Paris, il n'avait pas de chef de chantier pour les travaux de son hôtel particulier. C'est lui qui décidait de tout. Il a couché sur place pendant quatre ans dans une petite pièce poussiéreuse. Partout où on a voyagé, il se précipitait sur les marchés, entrait dans les boucheries, se renseignait sur les produits locaux, goûtait tout !
Est-il blessé par la polémique ?
Déçu surtout. Il ne pensait pas mériter ça. Dans beaucoup de pays, il représente le cinéma français. Pour bien des stars internationales, il est l'image de la France : le gars bon vivant qui les fait manger, boire, rigoler. C'est cette image de notre pays qu'il a voulu exporter. Et il s'aperçoit que chez
lui la réalité est tout autre...
La lettre de Roxane Depardieu